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Ondine Debré - Le Parisien

Tran To Nga dans le  jardin de son pavillon, en Ile-de-France (2015).
Bruno Coutier

 

Quand avez-vous été au contact de l’agent orange pour la première fois ?

J’ai décidé de m’engager dans le combat pour la libération du Sud-Vietnam en 1966. J’étais patriote et pleine de l’énergie de la jeunesse. Après des mois dans la jungle, à vivre de façon spartiate avec mes frères combattants, j’ai entendu un avion au-dessus de nous.

Nous étions dans des abris souterrains. J’étais curieuse, je suis sortie. L’avion déversait une poudre orange et je m’en suis retrouvée couverte. Avec l’humidité, ça faisait une pâte visqueuse.

Que s’est-il passé ?

J’ai ressenti des démangeaisons et j’ai suffoqué. Lorsque les premiers épandages ont commencé, nous avons compris que c’était un herbicide. La végétation mourait rapidement, laissant place à un chaos terrible. Ainsi, les soldats américains avaient plus de visibilité et pouvaient plus facilement nous détecter pour nous combattre. Nous avons dû vivre dans des souterrains.

Ces épandages étaient-ils fréquents ?

Oui, il y en avait beaucoup et partout. Lors de nos longues marches, il arrivait que nous soyons dans l’eau jusqu’aux genoux. La poudre formait un marécage à cause de la pluie. Nous marchions dedans pendant des jours, en contact direct.

Quand avez-vous pris conscience de la dangerosité de la dioxine ?

Dès la libération de Saïgon, en 1975, on a commencé à en parler. En 1968, ma première fille est née dans le maquis. Elle était normale en naissant mais, très vite, elle a mal respiré et sa peau était si fragile qu’elle partait en lambeaux. Je l’ai envoyée chez les bonnes sœurs à Saïgon : elle était atteinte d’une malformation cardiaque très grave, la tétralogie de Fallot. Elle est morte loin de moi, quinze mois plus tard. J’ai longtemps pensé que c’était à cause des mauvaises conditions d’hygiène dans lesquelles je l’avais eue qui avaient causé sa mort. Mais aujourd’hui je sais que c’est la dioxine qui en est la cause principale.

Avez-vous eu d’autres enfants lors de vos années de combat ?

Oui, deux autres filles. La dernière est née en 1974, alors que j’étais en prison à Saïgon. Quand j’ai été relâchée, le 30 avril 1975, lors de la libération de la ville, ma fille a été prise en photo : c’était la plus jeune détenue de la prison centrale ! Elle a fait la une des journaux vietnamiens plusieurs fois ensuite.

Comment se portent-elles aujourd’hui ?

Elles sont fragiles toutes les deux. L’aînée, qui vit en Australie, a une maladie du sang et une inflammation du pancréas. La plus jeune, qui est styliste aux Etats-Unis, a de la chloracné (une maladie de la peau). Ces deux pathologies sont en lien direct avec l’exposition à la dioxine.

De quoi souffrez-vous aujourd’hui ?

J’ai fait faire des examens de sang en 2011 : mon taux de dioxine était encore très élevé. Cela confirme que j’ai été contaminée par des doses énormes de poison pendant la guerre. Je suis aussi atteinte de chloracné et j’ai un diabète de type 2. Il ne se passe pas une année sans que j’aie un grave problème de santé.

Comment appréhendez-vous cette procédure ?

Je veux me battre pour que les victimes actuelles de la dioxine soient aidées au Vietnam. L’association Vava, qui s’occupe des victimes vietnamiennes avec l’accord du gouvernement, me soutient. Là-bas, ils sont très nombreux à être encore au contact de la dioxine qui reste présente dans les sols. Et des enfants naissent encore avec de graves malformations. Le jour où j’ai vu que Monsanto et Dow Chemical feraient partie du procès a marqué un tournant pour moi : le fait qu’ils répondent à notre assignation est déjà un signe que mon combat n’est pas vain. Les laboratoires ne peuvent plus échapper à leurs responsabilités, d’autant que les vétérans américains ont été reconnus victimes.

Article complet: www.leparisien.fr

 

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